Caractère
Il y a la norme et il y a Scarlet.Une relation qu’elle a entrepris sans mépris, aux intempéries du jugement qui se faisait de moins en moins clément.
Il y a norme. Elle est ample, elle est oppressante voire étouffante. Étouffante d’un souffle de liberté, d’où paradoxalement l’impunité des gens se taillent par le tranchant de prescriptions sociales. L’abattoir collectif qui submerge le paraître et l’action.
Et il y a Scarlet. Elle se peint dans la continuité de cette toile et se perpétue outre ce cadre décisif. Elle rompt l’harmonie et l’utopie de cet œuvre en affichant son caractère déferlant. Un être qui s’impose par sa singularité et qui chevauche la non-conformité. Oscille son authenticité au travers des esprits les plus discursifs. Elle vend du rêve au plus démuni des grégaires à se balader sous les vents précaires de la liberté. Découle de ses paroles des jurons de tous les formats possibles et qui se dessinent proportionnellement sous forme de sourire sur le visage de ses élèves. Il y avait quelque chose d’eurythmique entre les sons de leur rire et les mots mal habiles de Scarlet. L’échange entre ses classes et elle, était redoutée par certains parents et parfois membres de son établissement. La norme. Scarlet en sortait triomphante « malgré » son langage, « malgré » son habit.
Il y a la norme. Elle lui décernerait une allure dépravée, une langue qui ne sait pas se tenir, mais qui soumettrait dans l’hypocrisie ses idées préconçues d’elle par la satisfaction de son image face aux générations futures.
Et il y a Scarlet. Elle enfouit une délicatesse qui s’engouffre sous le caractère trempé qui jonche la surface de sa personnalité. N’y prenant ni honte ou désillusion de ce trait, elle le couvre d’un mince voile qui en filtre tout simplement la prestance. Ses élèves voient en elle une dynamique rassurante dans ses démarches flamboyantes voire chaleureuse et semble atypique des autres enseignants.
Il y a la norme et il y a Scarlet.Une histoire qui évoque l'ambivalence d'une relation, offrant sur un plateau d'argent le conventionnelle et
elle.
Scarlet histoire
- Scarlet est un amalgame d’événements historiques et majeurs juste en jetant un regard aux chiffres qui composent sa date de naissance. Il y a le 11 septembre 2001 qui marque le changement d’identité de simples citoyens pratiquant une religion à « suspect » à travers un pays entier, puis il y a aussi le 11 septembre 1973 avec la dictature de Pinochet.
- Ses parents ont grandi sous cette dictature dans des familles militantes. Inévitablement, des massacres ont été commis dans chacune de leur famille respective en raison de leurs idéaux de gauche.
- Ils avaient décidé de rédiger ensemble un livre qui relatait des événements au Chili durant la dictature pour ensuite le publier une fois qu’ils seraient en sécurité afin de révéler au grand jour les horreurs de leur pays. Ils s’installent finalement à New Haven en 1996 pour donner naissance quelques années plus tard à Scarlet.
- Scarlet a été élevée dans l’amour de ses parents et celle pour la littérature. Le truc bien typique de la transmission des passions. Son père et sa mère s’amusait à lui raconter de petites histoires qui tournaient littéralement en pièce de théâtre privée. Ils prenaient des draps par-ci, des peluches par-là.
- Les parents de Scarlet ont toujours insisté pour lui faire comprendre les injustices de ce monde, lui faire lire et entendre ce que ses grands-parents ont vécu, ce qu’ils ont vécu dans l’espoir de ne pas laisser s’éteindre la culture chilienne et de lui donner l’envie de combattre pour l’éthique des choses. Elle acquit cette soif de connaissances, ce désir de vouloir à son tour « éduquer » sur les injustices de ce monde sans pour autant s’impliquer dans le mouvement L.I.F.E. Elle pense que le meilleur moyen est de réfléchir aux enjeux présents, est de mettre des efforts au cœur de la solution, l’éducation.
- Elle entreprend des études en littérature pour finalement devenir professeur de littérature au lycée.
- Elle a un plus jeune frère qui avait quitté la maison pour vivre dans les dortoirs de son école (alors qu’elle n’y habitait plus) puisqu’il n’adhérait pas au côté anti-pilule de ses parents et avait un côté beaucoup plus pacifique et indifférent face aux enjeux. Elle entretient une très bonne relation avec et l’entend la plupart du temps râler au sujet de cette divergence d’opinion dans sa famille.
- Le déménagement de son frère n’empêche pas toutefois l’entente de la famille. Au contraire, la distanciation a permis de mieux souder les liens malgré les différends. Or, si le sujet dérive sur l’actualité, le fameux débat sur les pilules, son frère change le sujet dans l’immédiat.
- À l’inverse, lorsque les parents de Scarlet s’inquiètent parfois à l’idée qu’elle ne ramène personne/qu’elle ne parle de personne, ils commencent à lui proposer des personnes, à lui demander si elle leur cache quelque chose. Au final Scarlet change à son tour le sujet pour s’éviter le monologue de ses parents en pensant qu’elle finira seule avec vingt chats.
- En classe Scarlet aborde ses élèves comme si elle abordait un.e ami.e (sans pour autant instaurer le même lien). Elle se dit que le meilleur moyen de communiquer l’information est de « parler » le même langage qu’eux.
- Lorsqu’un élève s’endort dans sa classe elle lui lance une petite gomme à effacer pour le réveiller et continue son cours comme si de rien était.
- Elle emploie un langage vulgaire de temps à autre, sans pour étant choquant et se rattrape en disant qu’ils pourraient faire la même dès qu’ils auront son niveau.
- Son surnom est en fait le prénom que voulait lui donner ses parents si jamais elle avait été un garçon. Scarlet trouvait qu'il y avait un certain esthétique et connotation historique, à savoir que George Orwell et George Sand sont des auteurs pour lesquels elle voue un certain culte. À chaque exemple ou histoire qu'elle raconte dans sa classe elle donne ce nom à son protagoniste fictif.
- Elle souhaite rédiger un livre mais fini toujours par accumuler des boules de papiers griffonnées.