“Ne me regardez pas comme ça, je suis petite et alors ? Ça ne veut pas dire que je suis faible ! // UC [FINI]”

" On me l'a toujours dit et on me le dit toujours, je parle trop. Ah, pardon, je ne me suis pas encore présentée. Je m'apelle Minnie, j'ai 14 ans... quoi, pourquoi vous me regardez comme ça ? Je vous fais rire, c'est ça ? C'est vrai que je suis petite, mais ne me sous-estimez pas. J'ai un fort caractère, mais pas dans le mauvais sens du terme, je vous rassure. La positivité, papa dit que c'est mon point fort, et que dans toutes les situations possibles, je m'en sors comme un chef. Eh ! Ne part pas ! Comment ça, je suis chiante ? Je parle trop ? Mais il faut t'y faire, mon coco ! C'est pas avec cet état d'esprit que tu vas pouvoir de dépuceler, non non non. Et puis, l'administrateur, il a pas imposé un nombre de lignes exactes à ne pas dépasser, alors je fais ce que je veux. Non mais. Ces jeunes qui se croient permis de dire des choses impertinentes sur une jeune et mignonne demoiselle... oui, je suis mignonne. Égocentrique ?! Dis moi comment je m'appelle ? Minnie, oui, c'est ça. Minnie l'ourson, papa il me surnomme comme ça, donc je te suggère de faire de même, jeune effronté. Oui, j'utilise  un langage de vieille personne quand j'en ai envie, et sache, très cher ami, que j'aime regarder les vieilles séries policières comme inspecteur Poirot ou encore les séries d'amour interminables ou chaque personnage en trompe un autre comme Amour Gloire et Beauté. Ma grand-mère m'y a initiée il y a pas moins d'un an, et c'est vachement intuitif. Ce que l'on apprends en regardant ça ? Tu es bête ou quoi ? On apprends qu'il ne faut pas revenir avec un homme ou une femme qui nous a trompée. Ah et aussi, faut tout faire pour l'argent. Mais bon, papa il me dit qu'il faut que j'arrête de regarder ça, mais si je te disais qu'à côté, il y avait Tellement Vrai et les Anges, tu ferais quoi, hein ? Merci, Inspecteur Poirot c'est tellement mieux. Bon, assez parlé de séries, ce n'est pas très approprié dans cette case. Mais pour ce que je viens de te dire, tu peux retenir que je suis forte d'esprit,  tout le temps positive je suis mignonne, et de plus, m'exprime parfois en veille personne et que j'aime les séries de troisième âge. Ah, et surtout, je parle trop. Tu confirmes ? Et bah... Tu es plutôt du genre à rester enfermé chez toi toute la journée et de ne pas profiter du beau temps ? Tu n'as pas de vie, ma parole ! Comment ça, rajoutons aussi que je suis franche ? Bien sûr que je suis franche ! Si on ne se parlait pas aussi franchement les uns aux autres, nous ne seront pas heureux et nous n'aurons aucun ami. Tiens, en y repensant, je suis pas un peu fleur bleue ? Non ? Je m'invente une vie ? Mais c'est que tu deviens perspicace. "           

"Alors, la rouge ou la bleue ? décide toi."
Je regardais tantôt la pilule rouge, tantôt la pilule bleue. Un jeune homme me demandait de choisir entre ses deux petits médicaments. Papa m'avait toujours dit de ne pas prendre des objets ou nourriture proposée à des inconnus, mais pour une fois, je peux être une méchante fille, non ? Doucement, je pris la pilule rouge, dans mes doigts, avant de la porter près de ma bouche et l'avaler. Je n'ai à peine eu le temps de lui demander ce qu'il y avait dans cette gélule que l'homme était parti. Je soufflai avant de reprendre la route. Il m'avait abordée au coin de la ruelle, ou il faisait assez noir pour ne pas que j'aperçoive son visage. Mais quand même, parler à une jeune fille et lui proposer des produits suspicieux... N'était-ce pas de la drogue ? Onh non ! Mon visage virait alors au blanc, et toute tremblante, je marchais alors vers la maison.

" Pas possible, pas possible... Je me sens bien, pourtant... Et je si cherchais sur internet ?" Bouleversée, je prit mon téléphone dans les mains et manqua de le faire tomber. J'étais sous le choc, et je ne me ratachais qu'à internet, qui allait sans doute balayer tous mes soucis. " Allez, s'il te plaît, pas de trucs dangereux !" Je cliqua sur le premier lien proposé, avant de pousser un cri de stupeur. "Oh non ! Je suis trop jeune pour mourir ! Je ne veux pas avoir un cancer de la gorge !" En déroulant la page, je remarqua que le site en question était Doctissimo. Ah. Merde. Je passe pour une fille bête, maintenant.

Soulagée, je poussais la porte de la maison, avant de me faire accueillir chaleureusement par ma mère. " Eh bien, Minnie, tu es blanche comme un linge !" Je marchais vers elle, avant de lui faire un câlin. J'avais si peur que cette pilule me fasse du mal... J'enfouis alors ma tête dans la poitrine de ma mère, avant de lui dire ce qui venait de se passer. "Un homme m'a proposé deux pilules, tu sais ? Il y en avait une rouge, et une bleue ! J'ai pris la rouge, mais j'avais si peur que ça soit de la drogue... " Je fermais les yeux, prête à me faire grondée, mais rien. Je relevais alors la tête doucement.

Je pouvais voir le visage de ma mère déformé par la douleur, les yeux retournés, et le teint pâle. Je lâchai alors immédiatement mon emprise sur elle, avant de constater, avec effroi, que ma maman ne bougeait plus. Mon estomac se mit à se tordre, une boule à la gorge se forma. Mes jambes perdirent l'équilibre et ma vision se brouilla, avant de m’effondrer sur le sol et perdre connaissance. Lors de mon réveil, je ne me souvenais plus de ce qui s'était passé. Un trou s'était fait dans ma tête, pendant un certain temps. Mon papa reprit la relève, et me cacha, et me cache encore, la cause de la mort de ma mère. Mais au fond de moi, je savais que quelque chose clochait. Et puis, je l'appris quelques mois plus tard, par mon psychologue. Je n'en voulut pas à mon papa, non, pas le moins du monde.

Oserez-vous, je me le demande, dire à une enfant qu'elle a tué sa mère ?