Caractère
Vingt-trois ans. Vingt-trois ans de chaos et de désordre. L'esprit d'un enfant. Il est perdu et vide Andrew. Rejoindre L.I.F.E. était un moyen de trouver une place, enfin un endroit où aller. Il n'est pas du côté des pacifiques. Certains l'appellent même extrémiste. Il aime jouer avec le feu, il a besoin de toutes ces sensations qui lui rappellent qu'il est vivant. Il a besoin de cette adrénaline, de sentir cette boule d'angoisse au fond de son estomac et de ce sentiment de libération lorsqu'il détruit ce que les laboratoires ont pu créer. Tout se mélange, les coups qu'il reçoit des policiers qu'il a provoqué pendant des manifestations houleuses et qui lui rappellent que son corps est bien réel, l'air qui brule ses poumons après avoir fuit sur des kilomètres, le feu dans ses cuisses, les battements de son cœur qui tambourine contre sa poitrine comme pour s’échapper, le goût du sang dans sa bouche, sa douceur lorsqu'il dégouline le long de ses lèvres. Humiliation, force et désordre, il ne connait rien de mieux. C'est autour de quoi sa vie s'articule.
Derrière ses traits si particuliers, reconnaissables entre milles, se cache un jeune homme arrogant, sauvage et désintéressé. Tu n'es rien, intrinsèquement tu n'as pas de valeur. Ne comptent que tes actions. Tu es ce que tu es non pas par ce que tu fais mais par la façon dont tu le fais. L'humain est fatiguant et stupide, l'humain est chien. Andrew préfère la compagnie de la forêt, son ambiance apaisante et le murmure de ses rivières. Le chant de ses bêtes et la délicatesse de sa terre fraîche. Uniques moments d'apaisement, hors du temps, hors de cette torture mentale et physique qu'il s'inflige. Loin de cette agitation, de ce vide, de cet intérieur brûlé et ravagé. Loin de toutes les charpentes qu'il a pu briser, de toutes les étincelles et de cette colère qui l'emplit.
Lorsque tu regardes au fond de ses yeux bleus, tu ne vois plus uniquement le petit con mal poli et pessimiste. Tu aperçois le courage et la force. Lui que tout le monde voit comme un voyou, quelqu'un qui dessert la cause qu'il défend, est cependant un des rares à oser s'opposer aux règles jusqu'au bout. A faire ce qui lui semble juste, ce que L.I.F.E. attend de lui aussi, mais pas seulement. Il ose dire haut et fort ce qui le dérange, il ouvre sa gueule pour ne jamais la fermer, imposer ses idées et finalement partager. Vouloir faire avancer, provoquer un élan, un mouvement. Que tu l'aimes l'admire ou le déteste il n'en a rien à faire. Il ne vit que pour mettre un terme à cette tyrannie de la pilule. Pour enfin pouvoir goûter à la vraie liberté. Pas uniquement celle qu'il frôle du bout des doigts lorsqu'il ferme les yeux. Pas le mirage qu'on fait planer au dessus du lui.
Torturé. La vie a déjà tout pris. Elle lui a arraché tous les semblants de bonheur qu'il avait. Amoché par la tristesse, il semblerait qu'il n'y ait plus grande émotion positive qu'il puisse ressentir. Alors il s'enterre. Avec sa violence, avec sa haine et son aigreur. Repoussant toujours plus loin les limites, cherchant à s'exprimer de manière chaque fois plus extrême. Il n'y a que prendre et détruire qui puisse soigner, compenser. Il n'y a qu’annihiler les constructions de l’oppresseur qui le soulage. Soigner le mal par le mal. Comme une bombe il explose, de trop de mal être. Il s'exprime comme il peut l'enfant. Tout cela sort et fait un carnage, une coulée de boue engloutissant tout, ramenant le néant au néant, rétablissant le silence. Les punitions, les conséquences : il n'en a pas peur. Se faire poursuivre par les flics et la justice est presque un plaisir, la reconnaissance de son action, l'écho de sa rage. Les coups cinglants sont la réalité tangible ; le sang la liqueur de la vie.
Mais Andrew n'est pas comme ça avec tout le monde. Il a toujours été présent pour sa mère quand elle était malade . Il se promenait avec elle, lui tenait le bras, comme des amants. Prévenant, souriant, c'était son dernier trésor et la voir partir lui a fendu le cœur. Tendre et patient avec elle, il changeait de visage. Étrangement affectueux envers les animaux ils sont les seuls à trouver grâce à ses yeux maintenant que maman est partie.
On pourra dire n'importe quoi sur lui, sale gosse, jeune con, ou autre nom d'oiseau, c'est ce qu'est Andrew. Cet être vide, ravagé cherchant à combler à tout prix l'espace qui s'est consumé en lui. Toute la terre sèche, la ranimer, se plongeant dans les sensations les plus violentes, dérangeantes et extrêmes... Ressentir et être vivant. Respirer.